2024YR4, astéroïde géocroiseur de son état, va-t-il nous péter à la gueule en 2032 ?
Spoiler : probablement pas. Pleins de trucs à apprendre au passage quand même.
J’avais fait quelques posts sur mastodon récemment à propos de l’actualité astéroïdesque mais comme on m’a demandé d’expliquer ce que c’était cette histoire, je vous partage donc cette explication (imparfaite) ci-dessous. Principalement des infos tirée de la vidéo du passionné d’espace Scott Manley qui a vulgarisé ça sur sa chaîne récemment.
En gros des chercheurs chiliens ont aperçu en décembre 2024 sur des imageries de télescope un astéroïde (surnommé 2024YR4) passé inaperçu avant qui passait proche de l’orbite terrestre. Il est difficile de savoir précisément ce quoi il s’agit, même avec toute notre technologie, un astéroïde reste un poids lumineux dans le ciel, même vu par les meilleurs télescopes au monde. Si c’est un amas de roche instable ou une bille de métal il ne représente par ailleurs pas le même niveau de problèmes en cas d’impact : dans le second cas sa masse serait énormément plus importante et sa résistance à une entrée dans l’atmosphère aussi.
Un objet qui ferait donc « à priori » 50 à 90 de diamètre dont on ne connaît pas la composition. Avec ce calibre, l’objet aurait la capacité de destruction comprise entre 1 mégatonne d’équivalent TNT et 14 mégatonnes. À ce maximum c’est l’équivalent d’une énorme bombe nucléaire stratégique capable de raser une capitale. Les estimations récentes lui attribueraient plus précisément une puissance d’impact équivalente à 7.5 mégatonnes ce qui est correspond à 500 fois l’explosion de la bombe larguée sur les civils d’Hiroshima par l’armée américaine en 1945.
De ce qu’on sait, l’objet est en orbite autour du soleil et passe tous les 4 ans proche de la terre. Il repassera dans 4 ans à portée suffisante pour qu’on puisse l’observer à nouveau. À l’heure qu’il est il est déjà reparti et même si tous les appareils vont faire de l’observation pour essayer de prendre des images il va rapidement être trop loin pour l’observer depuis la Terre.. Donc les chercheurs ont 4 ans pour étudier les images des archives d’il y a 4 ans, 8 ans, 12 ans etc pour voir si ils le retrouvent et ont des infos qui permettent de préciser sa trajectoire (note : depuis le premier jet de ce billet, de nouvelles infos ont déjà commencées à être accumulées. C’est beau la science).
Il a fait l’actu récemment parce que ses chances d’interception (comme ça qu’on appelle une rencontre) de la trajectoire terrestre avaient été réévaluées à ~2.3% ce qui le faisait monter dans « les niveaux de menace », mesuré sur une échelle qu’on appelle l’échelle de Turin, dont j’ai appris l’existence à cette occasion. Rien de cataclysmique mais quand même de quoi raser de la carte la région parisienne par exemple. Donc s’il tombe dans l’océan ça va faire des grosses vagues mais ça devrait aller, s’il tombe dans une zone peuplée, c’est plutôt un gros problème. On ne sait pas vraiment, en tant que civilisation, évacuer/abandonner une ville entière et déplacer 10 millions de personnes.
En plus des infos intéressantes que j’ai apprises en creusant le sujet (et vous aussi j’espère), je trouve qu’au delà du catastrophisme et du frisson apocalyptique que le sujet des astéroïdes géocroiseurs suscite inévitablement, cela pose ça pose aussi pleins de questions.
Premièrement même un astéroïde d’une taille modeste, n’ayant pas le calibre cataclysmique qui provoquerait l’anéantissement de la vie ou d’une partie de la vie façon extinction des dinosaures, comment pourrait-on gérer l’arrivée d’un astéroïde qui risque de tomber en zone peuplée ? Comment gérer l’évacuation, la protection de la zone prévue de l’impact ? Et si on dispose des moyens de dévier un tel objet, qui s’en charge ? Dans quelle direction ? Qui prendrait le risque de dévier l’astéroïde, mission qui n’aurait forcément pas 100% de chances de réussir. Dans un monde instable fait-on confiance à la Chine, à Poutine ou à Trump de ne pas saisir cette opportunité pour prendre un autre pays en otage avec des contre missions spatiales ou des interceptions de satellites ?
Pour ce qui est des échéances plus lointaines connues, un gros astéroïde devrait approcher dans la Terre dans un peu plus d’un siècle, en 2132. Cet énorme objet d’environ 500m de diamètre aurait quant à lui pour le moment 0.037% d’entrer en collision. Mais celle-ci serait alors d’une ampleur bien plus cataclysmique vu la taille du machin : du fait des projections de poussière dans la stratosphère, la température s’effondrerait de 4°C très rapidement et les pluies diminueraient de 15% à échelle globale. Plus de détails dans cet article.
Dans le cas où une collision serait très probable avec un astéroïde dit géocroiseur (qui croise la trajectoire terrestre), la mission DART (« Test de déviation d’un astéroïde double ») avait démontré en 2022 la capacité des humains à dévier un tel objet spatial… à condition d’avoir encore les institutions et moyens techniques, humains et énergétique d’envoyer le matériel nécessaire à la rencontre de l’astéroïde.
Plus d’infos sur l’astéroïde 2024 YR4 en lisant sa page sur Wikipédia.
