Trumbo : l’écriture n’est pas seulement un métier, c’est un combat !

Auteur, scénariste pour le cinéma et réalisateur, Dalton Trumbo était une figure importante dans le Hollywood des années 40. Aujourd’hui je vous parle de Trumbo, biopic sorti en 2016 et inspiré de la vie de cet écrivain.

trumbo-affiche-cranston

Dans la période d’avant-guerre, Dalton Trumbo était devenu l’un des auteurs les plus remarqués d’Hollywood. Après avoir signé plusieurs gros succès, il gagnait jusqu’à 4000$ par semaine pour son travail de scénariste, faisant de lui l’un des auteurs les mieux payés de la capitale du cinéma américain.

En somme même si son nom ne nous dit pas forcément grand chose aujourd’hui, à l’époque, il pesait dans le hollywood game. Mais Dalton Trumbo était aussi communiste dans un pays qui entra en guerre contre le communisme. C’est de son combat pour la liberté d’expression et de penser dont parle le film Trumbo.

Dalton Trumbo : l’auteur hollywoodien devenu homme à abattre

Après une mise en contexte autour de Dalton Trumbo et du Hollywood de l’après Seconde Guerre Mondiale, le film raconte comment cet auteur ainsi que de nombreux autres ont subit l’épuration politique qui eut lieu au début de la Guerre Froide.

Refusant de se soumettre et d’abandonner ses idées, Trumbo est écarté de l’industrie du cinéma : plus de travail, plus de soutiens, plus de justice. Plus personne ne souhaite travailler avec lui, de peur d’être frappé de ce fléau rouge… ou pire.

De plus grand auteur du cinéma hollywoodien, Dalton Trumbo se change en cible à abattre, pointé du doigt où qu’il aille et interdit de s’exprimer au travers de son art.

Dalton Trumbo tape à la machine à écrire

« Tu parles comme un radical mais tu vis comme un homme riche »

Cette descente aux enfers (de la censure) est merveilleusement bien interprétée par un Bryan Cranston excellent, qui à lui seul je pense justifie de voir le film. Après avoir incarné son rôle de Walter White dans Breaking Bad pendant des années, après avoir vieilli et mûri dans son jeu d’acteur, le voilà propulsé dans la peau de ce personnage, lui aussi malade, touché par deux terribles maux : l’écriture et le communisme.

En tout cas c’est ainsi que semblent le considérer ses pairs, les producteurs d’Hollywood et même certains de ses amis. Aussitôt dénoncé, Trumbo subit les conséquences de son engagement politique.

Cette partie du film est notamment très intéressante dans sa manière de présenter les contradictions ou en tout cas la complexité du personnage. Comme le lui fait remarquer l’un de ses amis (incarné par Louis C.K.) dans une scène : « Tu parles comme un radical mais tu vis comme un homme riche ».

Le personnage nous est raconté de manière intéressante, au travers de son rapport à ces collègues et amis, à son travail, à sa notoriété et à ses proches. Cette dernière occupe une place importante et le film s’attache à montrer le poids des conséquences de ses choix sur les membres de sa famille.

 Le combat pour la liberté par l’expression à tout prix ?

Le film et l’histoire sont découpés en deux parties assez distinctes suivies d’un épilogue.

La seconde partie commence en 1951, après un passage en prison où il purgera une peine de 10 mois pour avoir refusé de répondre au Comité sur les activités non-américaines (et de dénoncer ses camarades). Note historique au passage : ce comité avait été créé à l’origine pour lutter contre la propagande nazie et sera chargé après la guerre de se charger des citoyens américains communistes… ironie.

En sortant de prison, Trumbo va tout faire pour mettre son travail sur les écrans, travaillant sous pseudonyme pour des producteurs de films de série B. L’occasion pour nous de découvrir le personnage du producteur de King Brothers Production incarné par un divertissant John Goodman qui fait un peu office de comic relief.

En 10 ans, le réalisateur va écrire, corriger, réécrire près de 30 scénarios ! De la bouche de Trumbo lui-même (le vrai pas le personnage du film) « aucun de ces scripts n’était vraiment bon ». Mais pour lui ils étaient vitaux !

Le film insiste beaucoup (un peu trop ?) sur le travail de forcené que doit abattre l’auteur pour continuer de travailler, en secret, pour Hollywood. Scénariste à la chaîne, bagnard dans la liberté relative de sa baignoire, Trumbo nous montre qu’en tant qu’auteur, l’écriture n’est pas seulement un métier : c’est un combat !

Et ce combat, dans le cas de Trumbo, finira par payer. Mais pour la suite je vous invite à visionner le film.

Dalton Trumbo écrit dans son bainLe problème d’avoir un bon premier acteur

Trumbo m’a vraiment plu. Avec son esthétique travaillée et un acteur principal très convaincant, et un côté « film historique » pas désagréable, le film a vraiment de bons arguments pour lui.

Il n’est pas excempt de défauts toutefois. Comme le font remarquer beaucoup de critiques qui ont le goût pour la formule qui tape, le film Trumbo n’a pas la superbe des films qu’écrivait le personnage dont il s’attache à raconter l’histoire.

Certains acteurs font tâche aux côtés de Cranston (j’adore Louis C.K. mais vraiment ici il n’est pas à sa place), le découpage donne parfois un peu l’impression d’assister à une suite de chapitres, la faute sans doutes à un désir de mettre à l’écran tous les moments forts de la vie de Dalton Trumbo, ou encore des antagonistes beaucoup trop caricaturaux pour être réellement convaincants.

En conclusion

Si l’on veut en retenir qu’un élément, on notera que le film est porteur d’un message fort. Et au-delà du film lui-même c’est le personnage de Trumbo qui nous le transmet :

L’écriture et tout moyen d’expression de manière générale n’est pas simplement un art, un hobby ou un métier : c’est un droit, celui à la liberté d’expression. Et comme tout droit il implique un devoir : celui de se battre pour le défendre !

Dans un contexte où la liberté d’expression et de penser, le droit à l’information et la censure sont des sujets que chaque jour l’actualité nous donne l’occasion d’aborder, ce film est plus que bienvenu. Il nous rappelle comment, en l’espace de quelques années, un État aura pu être le libérateur et le protecteur contre le fanatisme et s’adonner à la restrictions des droits et des libertés fondamentales de ses propres citoyens.

 

Je terminerais par une citation de Dalton Trumbo lui-même, encore valable aujourd’hui :

Dalton-Trumbo-portrait

La malhonnêteté du gouvernement est l’affaire de chaque citoyen. Ça ne suffit pas de faire votre propre travail. Il n’y a pas de vertu particulière à cela. La démocratie n’est pas un cadeau, c’est une responsabilitéDalton Trumbo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *