Pacific Rim – Critique

Des robots géants qui combattent des extraterrestres tout aussi colossaux venus d’une autre dimension pour détruire l’humanité : non il ne s’agit pas de la fin d’un épisode d’un Sentaï venu du Japon mais du pitch de Pacific Rim, le dernier film de Guillermo del Toro (Hellboy, Le Labyrinthe de Pan).

Image du film Pacific Rim

Lorsque la Brèche dans l’océan Pacifique s’est ouverte, laissant sortir les Kaijus, de gigantesques monstres Lovecraftiens venus détruire notre monde, l’humanité s’est unifiée autour d’un but commun : rendre coup pour coup. Littéralement.

Des robots de guerre géants contrôlés simultanément par la pensée de deux pilotes, les Jaegers, sont alors fabriqués et résistent à la menace grandissante que représentent les Kaijus. Mais alors que la victoire semble acquise pour les pilotes de Jaegers, devenus des stars mondiales, et que les trophées de Kaijus s’accumulent au dessus de la cheminée du Marshall Stacker Pentecost, à la tête de ce dispositif de défense, son utilité est mise en doute et les états s’en détachent.

Les attaques ne cessent pas et le Marshall rassemble les éléments qui lui restent afin de regrouper la résistance dans un dernier élan vers la victoire. Parmi eux se trouve Raleigh Becket un pilote de Jaeger traumatisé par la mort de son copilote et frère, et qui n’a depuis plus combattu. Pour piloter à nouveau il devra trouver un copilote compatible pour se lier à lui dans la Dérive, le dispositif qui permet à deux copilotes de fusionner neuralement et ainsi former chacun des deux hémisphères du cerveau du Jaeger. Le célèbre Gispy Danger sera alors prêt à reprendre du service et bouter la grosse bébête hors de la planète.

Un blockbuster aux rouages bien huilés

Derrière ce blockbuster sommes toutes pas si original que cela – un personnage va devoir regagner son pouvoir perdu et ainsi sauver l’humanité – on décèle des éléments inattendus dans ce genre de production, qui fait rentrer Pacific Rim dans la crème des blockbusters.

L’une des bonnes surprises de ce film est la profondeur psychologique des personnages, telle qu’on n’en trouve que trop rarement dans les films de cette envergure. Pacific Rim ne porte aucune grosse tête d’affiche dans son casting et s’en sort très bien ainsi : les acteurs interprètent à merveille la richesse des personnages. Pour ma part, mention spéciale à Idris Elba qui campe un Marshall Stacker Pentecost complexe et très charismatique. On y retrouve aussi Ron Perlman, un habitué des films de Del Toro, Rinko Kikuchi, et Charlie Hunman dans le rôle principal, que certains auront pu voir dans la série Sons of Anarchy.

En ne se basant que sur le synopsis on aurait pu voir en Pacific Rim un simple film de monstres blindé aux effets spéciaux et poli aux grosses scènes d’actions bad-ass. En voyant le film on se rend vite compte… qu’en effet c’est bien à cela qu’on a affaire ! Mais qu’est-ce que c’est bon ! Guillermo del Toro assume tous ses choix et ses influences japonisantes à fond ; on ne retrouve pas dans Pacific Rim d’autodérision ou d’humour de bas étages sur les situations même du film. Le réalisateur prend son univers totalement au sérieux, et nous happe dedans avec encore plus d’efficacité. Plongés dans le film et son univers on ne peut qu’être pris au jeu.

Pacific Rim : combat Jaeger vs Kaiju

Jeu d’enfant à échelle 2:1

Attention ! à partir de ce point, la retenue anti-spoil n’est plus en vigueur

Pacific Rim est un jeu d’enfant porté sur grand écran, à échelle réelle. Voire plus. Les jeux d’échelles inhérents au gigantisme des Kaijus, des Jaegers et des scènes qui les voient s’affronter sont multiples au cours du film, qui ne manque pas de jouer sur cette dualité entre le combat titanesque et la vie, minuscule et fragile que les Jaegers tentent de défendre. En regardant le film on peut littéralement ressentir cette puissance et cette violence à grande échelle, cela grâce à une réalisation tout à fait magistrale. Quelques clins d’œils durant les combats sont aussi là pour rappeler aux spectateurs « Hé ! Ce truc vient de donner un revers dans un immeuble de 40 étages ! » et lui faire comprendre que ces monstres -qu’ils soient de métal ou de chaire extraterrestre- ne sont pas seulement grands, ils sont grands par rapport au reste du monde et à la vie qui le peuple, qui se trouve pris dans ce combat.

Mais cette opposition d’échelle se montre plus forte encore lorsque l’on assiste au souvenir de Mako, que l’on voit enfant et terrorisée, prise au piège au milieu d’un combat entre deux titans. Cette scène est de celles qui démarque Pacific Rim d’un blockbuster classique. La réalisation détourne alors l’œil du spectateur du centre de l’action, pour le plonger le temps d’un instant dans le cœur d’un personnage, de la raison profonde de sa présence et son rôle dans l’histoire.

Adulte et réfléchi, la réalisation arrive de cette manière à associer l’image, aussi décomplexée et gargantuesque dans sa démesure soit-elle, à un sens plus fort que le spectateur est en droit d’apprécier ou d’ignorer. Quel qu’il en soit, la maîtrise de l’image est irréprochable et au delà des qualités attendues de la part d’un tel blockbuster, Pacific Rim bénéficie d’une esthétique particulière qui se manifeste fortement dans certaines scènes, comme pour nous rappeler que ce film est bien le fruit du travail d’un auteur, Guillermo Del Toro.

Pacific Rim : Guillermo del Toro sur le tournage


En conclusion je vous laisse découvrir cet extrait issue d’une chaîne de télévision japonaise où l’on voit parfaitement de quelle passion de Guillermo del Toro est tiré Pacific Rim. Une vidéo que bon nombre de « critiques » auraient gagné à voir pour mieux comprendre la démarche et les références culturelles (j’insiste) sur lesquelles elle se base. Cela nous aurait épargné de lire des choses du genre « Pacific Rim est une version de Transformers sous stéroïdes (l’humour en moins)« .


merci au Duc Flebby.

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