J’ai traduis un article sur l’histoire médiévale de l’exploitation des forêts Baltes

Je vous partage la traduction de cet article sur l’histoire du bois de la Pologne et de la mer Baltique au milieux du Moyen-Âge. Je vous en dis plus sur ma motivation à faire ce travail en introduction.

Tout a commencé par une recherche sur l’histoire de l’Ordre teutonique dans l’est de l’Europe et l’expansion de cette puissance au milieu du Moyen-Âge. Je découvrais alors l’existence de la « Croisade prussienne » qui eut lieu durant le 13e siècle de 1217 à 1274 et qui vit l’Ordre teutonique, un ordre de chevaliers chrétiens, mener une série de campagnes pour prendre des terres aux Prussiens, un peuple encore païen qui vivait dans des immenses forêts primaires, sur les territoires de l’est de l’actuelle Pologne, de l’enclave de Kaliningrad et le sud de l’actuelle Lituanie, sous prétexte de les christianiser de force. Plus globalement cette conquête s’inscrit dans un ensemble d’invasions menées par les chrétiens des derniers territoires païens d’Europe continentale, dans le cadre des Croisades baltes, entres autres.

Durant mes recherches je découvrais deux informations qui m’ont frappées et me sont restées en mémoire :

Il se raconte que les chevaliers teutoniques ont abattu les arbres des forêts primaires de la région (des arbres pour certains probablement millénaires donc) et que pour faciliter leur conquête ils construisaient des fortins du bois de ces mêmes arbres, probablement sacrés pour les natifs de la région qu’ils étaient en train d’envahir.

Illustration de ~1600 dépeignant la défense du Baumburg, l'arbre-chateau, par les chevaliers teutoniques. On y voit plusieurs armées au pied d'un fort construit dans les branche d'un immense arbre (plus de détails dans l'article)
Défense du Baumburg, « Château-arbre » en allemand, premier château de l’Ordre Teutonique édifié en 1231 dans leur colonie de Toruń (centre de l’actuelle Pologne). Le nom vient de la construction d’une tour de guet fortifiée installée dans un arbre tel que dépeint dans ce tableau de 1600 et raconté dans une chronique médiévale (voir liens en bas de page).

Ensuite je découvrais que l’ordre teutonique et l’alliance de cités-états installées alors dans le nord-est de l’Europe (appelée Ligue Hanséatique) avaient fait commerce du bois de ces forêts primaires, destinées notamment aux navires des puissantes flottes d’Europe de l’Ouest (Angleterre, Portugal, Espagne, France, etc), région largement déforestée déjà à cette époque.

Cela soulevait en moi une question : est-ce là une des premières étapes de la globalisation qu’a connu notre monde (réflexions encore en cours) ? Des arbres millénaires, vendus pour être utilisés à plusieurs milliers de kilomètres, destiné à construire les navires qui iront ensuite traverser l’océan Atlantique pour découvrir puis coloniser l’Amérique, établir le commerce triangulaire des esclaves d’Afrique, l’exploitation d’argent en Amérique du Sud et son commerce avec la Chine, etc… Tout ce pan énorme de l’Histoire du monde, bâti avec les arbres des dernières forêts primaires d’Europe. Un symbole magnifique et tragique (pour rappel il ne reste aujourd’hui en Europe que quelques kilomètres carrés de forêts primaires).

C’est dans la continuité de recherches pour étayer cette idée que je suis tombé sur cet article que j’ai trouvé très instructif : The origin, assortments and transport of Baltic timber par Tomasz Wazny, 2005.

Pour le partager autour de moi je me suis attelé à le traduire, exercice difficile car ce n’est pas mon métier et le résultat est par conséquent imparfait.

L’article explore, à partir de découvertes en dendrochronologie (la science qui consiste à dater le bois utilisé dans des œuvres, des éléments d’architecture, de marine ou autres éléments), comment était organisé le marché du bois en Europe de l’Est. Il permet d’apprendre au passage quelques choses intéressante sur l’organisation politique de cette région au milieux du Moyen-Âge, et d’avoir une meilleure compréhension d’à quoi pouvait ressembler le commerce international à cette époque. Enfin il permet aussi de se figurer l’état des forêts et leur exploitation à cette période et de déconstruire peut-être certains mythes.

J’en ai trouvé la lecture super instructive à plusieurs égards, surtout dans le contexte que je vous ai présenté plus haut. Si le sujet vous intéresse je vous propose donc de lire la traduction de cet article : Origine, gammes et transport du bois de la Baltique. J’ai accompagné ma traduction d’une quinzaine de notes de bas de pages pour essayer d’éclairer ma tentative de traduction et vulgariser certains termes ou noms propres pour vous faciliter la lecture.

Vous pouvez le lire ci-dessous ou bien télécharger l’article en PDF ou EPUB (pour consulter sur liseuse) l’article.

Ceci est le fruit d’un travail amateur passionné, effectué sur mon temps libre et pas dans un cadre académique. Si vous avez des retours, merci de les faire en commentaires ou par email !

Source de l’article :

The origin, assortments and transport of Baltic timber by Tomasz Wazny, Constructing Wooden Images, eds. Carl Van de Velde, Hans Beeckman, Joris Van Acker and Frans Verhaeghe (Brussels University Press, 2005). Lien vers l’article d’origine : https://dendro.cornell.edu/articles/wazny2005.pdf

Sur le fortin construit dans un chêne en 1231 :

« Brother hermann Balk, master of Prussia, set about the task of advancing the cause of the faith with great vigour. He took the duke of Poland with him, and all his forces, and together in God’s name they crossed the Vistula to the Kulmerland and built a castle down on the shore, which he called Thorn. The castle was built in the year of our Lord 1231. This is how it was built: at that time a huge oak tree stood on a hill there; on its branches they built strong fortifications and battlements so that they could defend it. They also engineered the earth around the castle and constructed secure defences of stockades so that only a single path led to the castle. Only seven brothers were stationed there »

The Chronicle of Prussia by Nicolaus von Jeroschin: A History of the Teutonic Knights in Prussia, 1190-1331, Book 3, III, 1, page 83.

Quelques liens pertinents :

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